Parallèlement à Indochine j'ai toujours suivi les groupes indépendants de près depuis que j'étais jeune ado. Mes amis, mes idoles ont tous eu une influence sur moi.
Je vais commencer avec Stef qui a eu une grande influence sur moi au départ. Grâce à lui j'ai découvert très vite le bon punk français. J'ai écouté Parabellum, tout ce qui venait de Boucherie production, bien entendu les Bérus et je lisais les bds de Margerin, avec qui j'ai communiqué un peu par courrier. Je me souviens encore de ce festival des Humanoides associés à l'Elysée Montmartre. J'avais dans l'espoir d'y rencontrer Stef car Vuillemin y était.
J'étais dans différents groupes d'amis, entre amis fans d'Indochine et de new-wave et les amis de Clichy, ma ville natale, qui jouaient dans des groupes de rock prog et industriels. C'était sympa mais moi le prog je n'y arrivais pas. L'indus c'était trop obscur. Dans mon coin je me nourrissais de plus en plus de musique anglo-saxonne. Je me balladais aux puces et regardais les pochettes, parfois si elle me plaisait j'achetais. J'écoutais les radios indépendantes sous la couette la nuit et je dormais en classe. Je ne le conseille pas car niveau concentration et notes je n'assurais pas! Le premier groupe indé que j'ai vu en live était un groupe qui s'apellait Gamine et que j'ai vu en vacances sur une petite scène à l'ile d'Oléron. J'ai trouvé ça frais et j'aimais ce son garage. D'année en année je découvrais de nouveaux groupes, je m'émancipais.
J'ai commencé tôt à voyager seule, et j'avais des amis suisses qui m'ont fait découvrir les salles de Lausanne, la scène alternative là-bas, les squats artistiques et le festival de Nyons. On continuait à écouter du punk et en parallèle ma passion pour Indochine augmentait. Ces amies Suisses étaient comme moi, d'ailleurs c'est avec le fan club d'Indochine que j'ai rencontré ma première amie là-bas qui m'a présenté à ses copines. Puis d'autres se sont ajoutés, très alternatifs et ils m'ont amenée à Nyons deux ans de suite.
Petit à petit j'ai développé ma culture musicale qui était ma culture et pas celle de groupes que je fréquentais. J'ai vu les Breeders à l'Elysée Montmatre, ca m'a soufflé. Premier groupe de filles.
Ce n'est que quand j'ai intégré la fac après 3ans de galère à avoir mon bac que j'ai vraiment découvert l'indie anglo-saxonne. Mon co-équipier à l'agence de télémarketing où on travaillait le soir après la fac pour gagner un peu d'argent me faisait découvrir sa passion qui est devenue la mienne. J'étais abonnée à des journaux de rock et grâce à lui qui ne parlait que de ça, je suis allée à mon premier concert de Radio France à l'émission de Bernard Lenoir, les Black sessions. Mon ami m'avait fait découvrir Mazzy Star, j'étais enchantée. C'était la première fois que je connectais avec quelqu'un comme ca. J'étais tombée éperdument amoureuse! Je le gardais pour moi. Un amour sans retour qui me faisait autant de bien que de mal. Il était étudiant comme moi en Anglais, lui à Jussieu, Paris chic, moi à Villetaneuse dans le 93. Musicien accompli, j'étais flattée qu'un jour il m'ait fait écouter sa démo que seul son meilleur ami avait pu écouter. Du pur indie. Sa voix et sa guitare me mettaient dans tous mes états. De plus je n'en revenais pas de sa confiance.
Pour la première fois je ressentais quelque chose de fort comme avec Nicola pour lequel j'avais une admiration sans bornes, comme un amour idyllique. Je l'associais à lui. Je leur retrouvais des ressemblances, j'étais troublée. Nicola avait quelque chose de different de tout ce que j'avais connu, une élégance dans ses manières, un charme envoutant et plutôt introverti et discret que je ne voyais que dans les chanteurs anglo- saxons comme les Jesus and Mary Chain, les Pastels ou Echo and the Bunnymen. Quand tout le monde le comparait à Robert Smith moi c'est à eux que je pensais. Mes goûts musicaux évoluaient en même temps que Nicola évoluait dans son look et et sa musique. Je m'y retrouvais totalement. Bien plus que le punk ou le gros rock. Ma personalité avait évolué dans ce sens.
A part ça, je commençais à sortir seule sur Paris dans les salles, les bars et les clubs, comme le Gibus et la Locomotive. Je n'avais plus beaucoup d'ami(e)s depuis que j'étais à cette fac...Je me sentais si differente tout d'un coup...
Un soir à Pigalle, l'unique amie que j'avais là-bas qui aimait la musique que j'aimais et qui pouvait sortir sur Paris m'a proposé de faire une session dans un bar gothique avec une voyante qui venait là aux nuits de pleine lune. Derriere le bar, la serveuse avait un serpent autour du cou. Cette voyante m'a dit que j'irais sur une ile et que j'y rencontrerais quelqu'un, y vivrait. Un an plus tard je partais une première fois en Angleterre. C'était en 1994 en tant qu'au pair pour améliorer mon anglais oral qui faisait barrage à mes études. J'étais trop timide et j'avais un blocage, alors sur les conseils de ma fac je suis partie.
Mais aussi l'Angleterre était mon pays de coeur et ce garçon je devais m'en détacher car je me detruisais de l'interieur, ne mangeais plus. En même temps lui faire honneur, lui prouver sa grande influence sur moi. Je lui ai écrit une lettre anonyme et puis je suis partie. J'ai su par la suite en faisant des recherches qu'il avait accompli son rêve d'être traducteur de livres policiers anglo-saxons. .
Là j'ai découvert le rock indie d'Oxford, Supergrass, Radiohead avec Creep, Ride, et ai pu tous les voir en concert. Avec la totale conviction que ma vie se ferait là-bas, j'y suis retournée 2ans plus tard dans le cadre d'Erasmus. Il fallait que ce soit Oxford, Liverpool ou Manchester. Je me suis retrouvée à Liverpool. Coup de foudre. Pour la ville. Rencontre avec mon mari. Je ne reviendrais plus en France. La voyante avait raison. Les concerts se sont enchainés. Ma passion pour le rock indé a continué. Après quelques années a voyager sur une péniche deconnectée de la France, je suis arrivée aux reseaux sociaux et à myspace en 2009. J'y ai trouvé Nicola. C'était incroyable alors que dans mon temps on devait passer par le fan club pour esperer un signe et se faire connaitre d'eux. Par désespoir on était pas mal à essayer de les attraper devant chez eux.
Alors comment en suis-je arrivée à avoir mon nom dans la compilation que Nicola a sorti sur son label kms en 2017?
Après des mois et des mois sur les réseaux sociaux, à poster à lui poster des groupes de filles quand j'étais en Chine (assez ironique comme situation vu la censure des reseaux là-bas, le Great Firewall!) Nicola m'a contactée en privé pour me remercier. Je voyais les groupes dans la playlist le samedi. J'étais évidemment surprise au départ et immensément flattée. On avait été en contact direct sur myspace pour un projet auparavant quand j'étais au Mexique et là on était sur twitter! Je me disais que décidemment ma vie était censée m'amener à lui, où que je sois dans le monde et le temps n'avait pas d'effet. Je n'en revenais pas. Nos goûts musicaux se rejoignaient, cette playlist en était la preuve, la compilation en était la consécration. La consécration de tout un parcours de ma vie.
Je n'avais jusqu'à quelques mois avant sa sortie aucune idée d'une compilation. C'est lui un jour qui me l'a enfin dit. Il voulait mettre en avant les filles qui font du rock car il trouvait ça "culotté"que les filles se battent dans ce monde très masculin et il fallait les honorer, les faire connaitre. Un immense honneur pour elles, pour moi aussi.
Le jour où la compilation est sortie mon coeur s'est arrêté de battre une minute. Moi une simple fan j'étais remerciée par mon idole de toujours. Lui qui m'a portée et a influencé mes choix de musique était à son tour influencé des miens. C'était juste incroyable. La compilation a été publiée dans un magazine élitiste de rock. j'y avais été abonnée quand j'étais étudiante mais le fait qu'ils avaient dénigré Indo, ça me déplaisait. Je ne supportais pas cette snoberie. Donc finalement j'ai eu l'impression qu'on a pris un peu notre revanche avec ce coup là. Enfin voilà..
voilà mon histoire.
Je veux te remercier à mon tour Nicola...je veux que tu saches que sans toi je n'aurais jamais vécu cette vie...tu es tout pour moi. Tu le seras toujours. Merci d'être dans ma vie et tous les amis que j'y ai croisé.