mercredi 1 août 2012

Les vertiges et les murs des âmes sensibles



Des paysages de montagnes  peuvent paraitre aussi variés que ce qu'on trouverait en Europe. Des plateaux arides, des forets de sapins, et dans le fond les rochers qu'on vient escalader. Et toujours les mêmes petits commerces qui bordent les routes, des petits restaurants d’où en sortent des musiques traditionnelles mexicaines au rythme mélancolique. Ces musiques accompagnent la routine quotidienne dans la solitude du temps qui se fige, ces musiques qui chantent les amours idéales et pleurent les amours déçues, un mugissement languissant sur un air de guitares et de cuivres. Ces musiques qui se transmettent au fil des générations comme les repas qu'on sert dans ces restaurants. Au bord des routes, des femmes portent des bébés emmitouflés dans des couvertures, des chiens vagabondent ou dorment en plein soleil, gisant sur leurs flancs comme des épaves, des musiciens attendent, habillés comme pour un mariage.

Les gens de la capitale viennent dans ce parc naturel pour échapper a la chaleur de l’été, a la pollution, au bruit et retrouver un équilibre. C'est aussi pour ça que j'y suis allée.
Escalader les rochers, vaincre le vertige, surpasser les peurs, se sentir fier de ses efforts, allier persévérance et l'espoir d'y arriver. Le premier rocher, j'ai essayé mais arrivée a mi-chemin j'ai abandonné. J'ai senti mes membres se figer, un blocage m'a glacée. j'ai eu l'impression de vaciller comme si la terre bougeait sous mes pieds. Je suis redescendue, déçue. Mais pour le deuxième rocher, connaissant mes faiblesses et ses effets, j'ai pu anticiper ma peur et la dompter. J'ai peu enfin arriver au sommet et mes efforts ont été récompensés par une vue splendide du lac et des forets de cèdres.
En bas on fait le tour du lac, on loue une barque et a son centre on observe les familles qui s'offrent des plaisirs simples, les restaurants offrent des plats traditionnels sans prétention mais cuisinés avec soin. La, pas de tourisme agressif, pas d’hôtels de luxe. C'est dimanche, petit a petit l'endroit se vide, les gens ne restent pas dormir. On vient la pour escalader les rochers, explorer les sentiers, échapper a la chaleur torride de l’été.



Dehors, dans le pré qui sert de jardin sauvage, mes enfants se roulent dans les herbes hautes et fraiches. Un cri, je cours. ils ont trouvé un serpent de la taille de ce qu'on voit derrière les vitres d'un zoo. Le serpent siffle et sonne a nos pieds, se faufile dans l'herbe, nerveux et en colère.
Notre cabaña est basique, deux lits simples, une table basse, l'eau est chauffée au charbon et au bois. On compose une chanson pour égayer la soirée.


C'est la vue du dehors, a travers les vitres de l'unique fenêtre, qui rend cet espace agréable. Allongée sur le lit, je fixe le ciel et les nuages qui se font et se défont. Je relâche mes pensées, je m’évade pour me retrouver. Cet endroit me rappelle mes Pyrénées et la maison de mes grands-parents. Cette pièce me rappelle la chambre que j'y occupais. Je ferme les yeux et je revois tous ces moments uniques qui faisaient mon bonheur. J'aimais y aller, même dans la solitude d'être enfant unique, même appartenant a une famille désunie. Passer quinze jours dans une maison trop grande pour moi, explorer les greniers, rêver dans la pièce du sous- sol qui abritait les centaines de bobines, allumer le projecteur, voir l'écran prendre vie, sur fond de musique classique que mon grand-père avait choisi pour ses montages.
Puis le son du piano qui résonnait dans la maison quand il jouait, l'esprit ailleurs.

Ce n'est que bien plus tard que j'ai compris pourquoi cette maison me rendait si mélancolique, imprégnée de l'amour de mes grands parents mais dont les ombres du passé refroidissait les murs. Un passé sordide qui habitait les lieux, dont on m'a informé après leur mort. Des fenêtres scellées pour protéger une grand-mère aux tendances suicidaires dont j'ignore toujours les raisons.
C'est la que j'ai compris que le bonheur se construit avec des moments uniques connectés les uns aux autres, cohabitant avec les démons intérieurs qui nous hantent. Ces moments qui imprègnent les murs qui nous abritent, et c'est pour ça que les âmes sensibles ressentent la mélancolie dans ces endroits que l'existence a habité, puis abandonné. Et des lieux neutres comme la cabaña que j'ai occupé le temps d'un weekend, sont l'auberge des souvenirs, la réminiscence des temps passés.

 http://www.aa13.fr/photographie/lieux-abandonnes-aurelien-villette-13355  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire